"Le Quai de Ouistreham" de Florence Aubenas
Editions de l'olivier 2010
« La crise. On ne parlait que de ça, mais sans savoir réellement qu’en dire, ni comment en prendre la mesure. Tout donnait l’impression d’un monde en train de
s’écrouler. Et pourtant, autour de nous, les choses semblaient toujours à leur place. J’ai décidé de partir dans une ville française où je n’ai aucune attache, pour chercher anonymement du
travail… J’ai loué une chambre meublée.
Je ne suis revenue chez moi que deux fois, en coup de vent : j’avais trop à faire là-bas. J’ai conservé mon identité, mon nom, mes papiers, et je me suis inscrite au chômage avec un baccalauréat
pour seul bagage. Je suis devenue blonde. Je n’ai plus quitté mes lunettes. Je n’ai touché aucune allocation. Il était convenu que je m’arrêterais le jour où ma recherche aboutirait, c’est-à-dire
celui où je décrocherais un CDI. Ce livre raconte ma quête, qui a duré presque six mois, de février à juillet 2009.
J’ai gardé ma chambre meublée. J’y suis retournée cet hiver écrire ce livre. » Florence Aubenas
EXTRAITS ( source NOUVEL obs.com)
"Tout le monde m’avait mise en garde. Si tu tombes sur une petite annonce pour un boulot sur le ferry-boat
à Ouistreham, fais attention. N’y va pas. Ne réponds pas. N’y pense même pas. Oublie-la. Parmi ceux que j’ai rencontrés, personne n’a travaillé là-bas, mais tous en disent la même chose : cette
place-là est pire que tout, pire que dans les boîtes de bâtiment turques qui te payent encore plus mal qu’en Turquie et parfois même jamais ; pire que les ostréiculteurs, qui te font attendre des
heures entre les marées avant d’aller secouer les poches en mer par n’importe quel temps ; pire que dans le maraîchage, qui te casse le dos pour des endives ou des carottes ; pire que les grottes
souterraines de Fleury, ces anciennes carrières de pierre, puis abris antiaériens pendant la guerre, devenues aujourd’hui des champignonnières, qui te laissent en morceaux au bout d’un après-midi
de travail. Pour les pommes, on en bave aussi, mais la saison commence plus tard. Ces boulots-là, c’est le bagne et la galère réunis. Mais tous valent mieux que le ferry d’Ouistreham.
[…]
C’est exactement à ce moment-là que les deux petites lignes sont apparues sur mon écran : « Société de nettoyage à Ouistreham cherche employé(e)s pour travailler sur les ferrys. Débutant accepté.
» La voilà, la fameuse petite annonce. J’appelle immédiatement, c’est irrésistible. Il faut se présenter le jour suivant, à 9h30, au siège de l’entreprise, quai Charcot à Ouistreham, avec papiers
d’identité et photo en couleur. Le lendemain, un ciel blanc a tout enveloppé, pas tout à fait du brouillard, plutôt une brume légère comme de la gaze, qui semble assourdir tous les bruits et dont
s’échappe de temps en temps un petit bateau ou un cycliste. Le quai Charcot, à Ouistreham, longe le canal qui vient de Caen, jusqu’à l’endroit où il se jette dans la Manche. Les locaux de
l’entreprise sont plantés là, un peu en amont du large.
[…]
Nous sommes cinq nouveaux embauchés ce jour-là, à l’embarcadère. Arriver jusqu’au ferry est un nouveau périple. Il faut pénétrer dans la zone sous douane en montrant un badge avec une photo,
fourni par la société. Parfois, des vigiles sortent de la guérite et s’accroupissent pour ausculter les essieux ou les habitacles, en parlant de trafics et de clandestins.
Nous nous postons devant un bâtiment composé d’une petite salle nue flanquée de deux toilettes. Nous attendons l’autocar de la compagnie qui nous conduira jusqu’au ferry. La distance entre les
deux ne doit pas excéder 700 mètres, mais il est interdit de les effectuer à pied. Entre l’attente, le trajet en car, l’attente à nouveau avant de grimper à bord, il faut compter une bonne
demi-heure supplémentaire.
[…]
L’heure de travail dure une seconde et une éternité. En signant les feuilles de présence, je distingue enfin les visages autour de moi. Il y a le monde entier sur le ferry, des belles, des
moches, des demi-clochardes, des mères de famille, des petites paysannes, des créatures ou des top models. Mais on se côtoie, on se bouscule, dans une sorte de fraternité, que lissent le port de
l’uniforme et la dureté de la tâche.
Une jeune fille ravissante, avec un piercing posé comme une mouche au bord de la lèvre, me demande sur quelle vacation j’ai été embauchée. « Le soir », je réponds. Elle paraît considérer que
c’est une chance. Elle me dit : « Tu verras, il y a une autre ambiance. L’après-midi a quelque chose de morbide, mais ça passe. Le matin est vraiment horrible. La seule chose drôle, c’est de voir
les vieilles pas maquillées. »
Je reconduis Marilou en voiture, pour fêter notre nouvel attelage. Elle a déjà deux boulots, dans le ménage, en CDD, et elle précise : « Bien sûr. » Il y a celui du matin, son préféré, pour
lequel elle voudrait « décrocher le CDI ».
Elle en énumère les qualités : « Le chef est gentil. Il n’y a pas trop à faire. On n’a personne sur le dos. » C’est de 6h30 à 8h30, dans une grande surface avant l’ouverture. Le soir, de 18h45 à
20 heures, elle nettoie des bureaux chez Youpi-Métal. Son supérieur l’a convoquée l’autre jour.[...]
"Hors champ" de Sylvie Germain
Editions Albin Michel2009
Présentation de l'éditeur
En une semaine, Aurélien, un homme ordinaire, va progressivement disparaître. Il est de plus en plus hors
champ, perdant jusqu’à sa voix, son odeur et son ombre. Au fur et à mesure de cette genèse à rebours, il sort aussi de la pensée et de la mémoire des autres, même de ses proches. Cet effacement
intensif s’opère au grand jour, dans l’agitation de la ville, à l’aune de tous ces naufragés qu’on ne regarde plus et qui ne comptent pour personne.
EXTRAITS lus par Sylvie Germain "ICI"
"J'étais capitaine de l'exodus" d'Ike ARONOWICZ
Editions Michel Lafon 2008
Présentation de l'éditeur
Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, Ike, 17 ans, décide de combattre
les Allemands. En novembre 1946, le Palmach – unité d’élite de la Haganah, mouvement d’autodéfense des Juifs de Palestine –, auquel il appartient, lui demande de récupérer à Baltimore, en
Virginie, un bateau battant pavillon panaméen. Objectif : rejoindre la France et embarquer des réfugiés juifs pour les emmener clandestinement jusqu’en Palestine. Il récupère le rafiot, qu’on
baptisera Exodus 47, le rafistole et, dans la nuit du 10 au 11 juillet 1947, lève l’ancre avec, à bord, 4 500 Juifs rescapés de la Shoah. Arrivés le 18 juillet dans le port de Haïfa, ceux-ci sont
refoulés par les Britanniques qui administrent la Palestine. Le navire est reconduit sous escorte militaire jusqu'à Marseille, où les passagers refusent de descendre à terre. L’Exodus devient
alors une prison flottante où croupissent, sous un soleil de braise, tous ces Juifs honteusement éconduits. Le 7 septembre, les passagers récalcitrants sont débarqués de force et avec violence.
Le scandale de l’Exodus émeut le monde entier. Le 29 novembre 1947, l’ONU adopte la résolution 273, qui pose le principe de partage de la Palestine en deux États et marque la création de l’État
d’Israël.
"Le grand courage" de Georges Fleury
Editions Grasset 1988
RESUME
Face à l'océan déchaîné, des hommes acceptent de mourir pour que d'autres vivent. Leur combat de tous les
jours se déroule dans les tempêtes les plus folles, en Manche, en Méditerranée, dans le golfe de Gascogne, en Atlantique Nord, au Maroc et aux Petites Antilles. Le
Paul Tourreil, canot de sauvetage de l'île d'Yeu, devient cercueil de glace au cours d'une folle dérive en 1917. Des marins de Saint-Gilles-Croix-de-Vie arrachent en 1965 vingt-deux enfants à un
chalutier en flammes. Deux plongeurs de la Royale retrouvent les miraculés de l'Elodie prisonniers de leur navire renversé. Ancien commando de la Marine qui a bourlingué de Terre-Neuve au
Spitzberg, Georges Fleury a travaillé sur un siècle d'archives de la Société nationale de sauvetage en mer afin de restituer, en une fresque puissante et colorée, le grand courage de ceux qui,
relevant tous les défis, partent sauver les autres.
"Le ciel t'aidera" de Sylvie Testud
Editions Fayard 2005
4ème de couverture
« T'as peur, t'as peur de tout, sauf du ridicule », m'a dit mon copain qui est d'une mauvaise foi sidérante !
« Il n'y a aucun danger dans cette maison, à part toi ! », il a rajouté.
Mon copain dit que je suis une trouillarde, et ça m'énerve !
Si le courage peut se mesurer à la peur à surmonter, alors je me proclame la fille la plus courageuse du monde.
Je ne suis quand même pas la seule fille qui balise à l'idée de dormir seule ?
Je ne suis pas la seule fille à dire que se garer dans un parking non surveillé, la nuit, ça fout les jetons ?
C'est pas moi qui invente les cambriolages ? les dingues qui vous guettent au coin de la rue ? les monstres pervers pires que des loups ?
C'est pas moi qui invente les tempêtes de neige et les maladies fulgurantes ?
« Alors ? Ça peut arriver ou pas ? », j'ai demandé à mon copain, un jour.
« Le pire n'est jamais sûr, la peur n'évite pas le danger », il m'a répondu.
Ça m'a encore plus énervée.
Flippée, Sylvie Testud ? Le Ciel t'aidera est l'histoire de sa vie quand elle ne joue pas un rôle sur un plateau, c'est l'histoire d'une fille trop imaginative qui
rêve de mourir centenaire et dans son lit. Alors elle se bat comme un diable : elle planque des couteaux sous ses matelas, elle se balade avec un ravissant pistolet de dame, elle s'entraîne au
sabre sur ses plantes vertes. C'est vrai qu'elle est flippée, mais il y a quand même des trucs bizarres? Son copain, lui, trouve que tout est normal, à part elle.
EXTRAIT
Ce soir, j'avais fait un effort. J'étais morte de trouille à l'idée de sortir de chez moi.
Si le courage peut se mesurer à la hauteur de la trouille qui lui fait obstacle. Si le courage se quantifie. Si on peut juger le courage à l'intensité de ce qu'on doit surmonter, alors je
m'autoproclame la fille la plus courageuse que je connaisse. Je suis en effet la fille la plus flippée que j'aie jamais rencontrée. La fille la plus flippée dont j'aie jamais entendu parler,
même. À «je pense, donc je suis», je réponds : je suis flippée, donc j'ai du courage.
La voiture était garée en bas de mon immeuble.
— J'ai eu de la chance hier, j'ai trouvé une place devant la maison, je me suis dit tout haut pour me donner une bonne raison de ne pas trembler de tous mes membres, quand j'ai ouvert la lourde
porte blindée de mon appartement.
Je n'ai pas réussi à atteindre ma voiture dans le calme, certes, mais j'ai réussi à atteindre ma voiture sans encombre.
«T'as peur, t'as peur... T'as peur de tout, sauf du ridicule !», il m'a dit plus d'une fois, mon copain. Il m'a dit ça d'entre ses dents serrées, devant mon attitude. Il m'a dit ça parce que,
lui, il n'a peur de rien, sauf du ridicule, justement. C'est vrai que mon copain n'aime pas du tout la façon que j'ai de courir le bras en l'air, dans la rue, la nuit. Non. Ça, il n'aime vraiment
pas. Même, ça lui fout les nerfs en boules. Quand je cours le bras en l'air dans la rue, mon copain fait exprès de marcher moins vite. Ça me fait encore plus peur, alors je cours plus vite, et je
mouline de l'autre bras pour qu'il avance. Je mouline en lui faisant de grands gestes qui, normalement effectués, c'est-à-dire, à la bonne vitesse, signifieraient : dépêche-toi.
Quand j'ai peur, je fais tout plus vite.
Je lui fais le signe «dépêche-toi» en beaucoup plus rapide que la normale. A force, ça fait que je mouline sans obtenir de résultat.
Mon copain s'en fout complètement.
Il ne se presse jamais. Il prend même plaisir à marcher encore plus lentement. Ça ne m'a jamais calmée. Il y a carrément des soirs où je mouline si vite qu'il se demande comment je ne m'envole
pas.
Je ferais mieux d'arrêter de mouliner avec lui. C'est plus fort que moi.
C'est mon bras qui se déclenche tout seul, on dirait.
— Et ton autre bras en l'air? il m'a demandé plusieurs fois.
Mon autre bras est en l'air quand je cours la nuit vers ma voiture parce que j'ai un boîtier qui déverrouille les portes. Dès que je suis dans la rue, la nuit, je lève le bras et j'appuie très
fort sur le bouton de la télécommande du boîtier. Ça fait clignoter les phares. Je sais ainsi que je peux me ruer dans la voiture sans perdre de temps.
"Les enfants de l'arche" de Martine Marie Muller
Editions Robert Laffont 2007
PRESENTATION DE L'EDITEUR
La paix a beau être revenue depuis presque vingt ans, Antoine Désombières semble n’être
jamais tout à fait parvenu à faire son deuil de la guerre. En ce début des années 1960, il mène, à Rouen, une existence chaotique, jusqu’au jour où un étrange tandem, formé par Erbo von Oeringen
et son fils adoptif, né Jacob Rafovicz – illustre chef d’orchestre rescapé de la Shoah –, vient frapper à sa porte. Les deux hommes souhaitent lui confier une singulière mission : retrouver
la trace d’une femme, la fascinante et mystérieuse Jouvence Ozanne, qui les a recueillis en 1944 et leur a ainsi sauvé la vie.
Dans le sillon de l’Arche, la péniche où vivait la famille Ozanne, Antoine Désombières se met en quête des « enfants » de Jouvence. Il parvient à restituer le destin de chacun
des membres de la tribu et à rassembler le clan. Ne manque plus que Jouvence pour compléter ce puzzle. Désombières, convaincu que cette femme solaire, mère Courage et résistante, vit toujours,
espère percer le secret de sa troublante disparition.
Construit sur des allers et retours entre les années 1944 et 1962, Les Enfants de l’Arche mêle en permanence la petite histoire d’une famille cauchoise et la « grande », celle
du débarquement de Normandie. Antoine Désombières, hier acteur de la Résistance, se fait aujourd’hui passeur de mémoire pour réconcilier passé et présent.
Ce roman est également un très bel hommage rendu aux hommes et aux femmes du pays de Caux, dont les silences en disent souvent long.
"L'échappée" de Valentine
Goby
Editions Folio
4ème de couverture
Nous marchons, suivies par la foule, têtes rasées parmi les décombres de l'avenue Janvier, de la rue
Saint-Hélier dévastée, criblée de béances et d'immeubles en ruine, pendant des semaines c'étaient des gravats enchevêtrés de poutres, de meubles brisés, chambres, cuisines, salles à manger
réduites en poussière, éclats de verre, j'imagine que c'était comme ça, tout est déblayé et vide maintenant, je trébuche sur des souvenirs que je n'ai pas, les bombardements ont eu lieu sans moi,
j'étais terrée dans un couvent mais je sais tout, ils m'ont fait ce que la guerre leur a fait. »
L'Echappée ou le destin d'une jeune paysanne bretonne coupable d'avoir aimé un officier allemand. Valentine Goby signe un livre terrible et fort. Elle parvient à dessiner un motif extraordinaire
sur un canevas ordinaire : le destin de Madeleine Lanel, 16 ans en 1941, maîtresse d'un officier allemand reparti dans son pays avant qu'elle n'accouche de leur enfant, ce qui lui vaudra d'être
tondue à la Libération. Par son rythme, son élégance, son émotion contenue, ce roman sur l'identité et la liberté est un livre incandescent, à même d'éclairer les zones d'ombre les plus
rebutantes.
L'échappée ou le destin d'une jeune paysanne bretonne coupable d'avoir aimé un pianiste allemand
pendant l'Occupation. Avec ce quatrième roman, Valentin Goby signe un livre tragique et puissant sur l'identité et la liberté.
L'auteur en parle "ICI"
( interview interressant ! )
"Au tribunal de mon père" de Isaac Bashevis SInger
Edtions poche 2009
PRESENTATION DE L'EDITEUR
Dans notre maison de Varsovie, au 10, rue Krochmalna, vivait un couple âgé. […] Mais les voisins
racontaient que, malgré leur âge avancé, ces deux-là étaient toujours amoureux l’un de l’autre… Or soudain, une rumeur se mit à circuler qui scandalisa tout le monde : les deux vieillards
allaient divorcer ! La rue Krochmalna était sens dessus dessous…
I. B. S.
Isaac Bashevis Singer nous raconte ici ses souvenirs d’enfance dans la Varsovie juive d’autrefois. Son
père, rabbin, était juge et arbitre des petits et des grands problèmes qui se posaient quotidiennement au sein de la communauté. Dans l’embrasure de la porte, un petit garçon écoutait avec
passion, ignorant que ce qu’il entendait deviendrait la matière même d’une des plus grandes oeuvres littéraires du xxe siècle. Peut-être le plus beau, le plus parfait des livres d’Isaac Bashevis
Singer.
"Royaume magique à vendre !" de Terry Brooks
Editions Bragelonne 2007
4ème de couverture
Landover était un authentique royaume magique, livré au complet avec créatures
féeriques et sorcellerie incluse, exactement comme la publicité l’avait promis. Alors Ben Holiday l’a acheté… un million de dollars. Ce n’est qu’après qu’il a découvert que la pub avait
soigneusement négligé de mentionner certains détails…
Comme le fait que le royaume tombe en ruines, par exemple. Faute d’un roi pour unir les barons, les impôts ne sont plus collectés. Un dragon de très mauvaise humeur ravage la campagne tandis
qu’une sorcière maléfique fomente la destruction de… tout. Et comme si ça ne suffisait pas, le seigneur des démons provoque tous les prétendants au trône de Landover en un duel à mort que nul
mortel ne peut espérer gagner.
Sauf que Ben a un truc typiquement humain dont aucune magie ne peut venir à bout : il est têtu comme une mule…
"Autant en emporte la
femme" d'Erlend Loe
Editions 10/18 -
2008
Traducteur : COURSAUD Jean-Baptiste
Collection
: Domaine Etranger
Sous-collection : Domaine étranger - Littérature
norvégienne
Titre original : Tatt av kvinnen
4ème de couverture
Quand Marianne s'installe sans crier gare dans l'appartement du narrateur, la vie
de ce dernier prend un tour bien singulier. Peu à peu, il voit les décisions lui échapper, sans trouver quoi que ce soit à y redire. Il se laisse porter, extérieur à sa propre existence, à la
maison comme en voyage, dans leur Norvège natale ou sur les routes d’Europe. Marianne prend les initiatives, décide de tout. Mais l'a-t-il au moins choisie ? Rien n’est moins sûr... Un hymne
à l'humour absurde sur l'amour et l'incompréhension, la difficulté et le bonheur d'être deux.
« Erlend Loe manie un humour diabolique, fait de situations aussi absurdes qu'ordinaires. Mais c'est sa voix qui touche et émeut. Sa manière honnête et radicale de commenter amour et désamour,
disputes et incompréhensions, élans et malentendus. Sa conception fraternelle du monde. Du commerce équitable, en quelque sorte. »
Geneviève Brisac, Le Monde 2
"La fille qui marchait dans le désert" de Vénus Khoury
Ghata
Editions Mercure de France - Collection Bleue - 2010
4ème de
couverture
Adam m’aimait à cause du désert, de l’odeur de sable qui collait à la plante de mes pieds, aimait Mathilde
parce qu’elle lisait et écrivait. Elle tapait ses romans, tapait jour et nuit jusqu’à oublier qu’elle était une femme. Mathilde n’aimait pas le plaisir. Pauvre Mathilde qui n’a connu qu’un seul
homme, un mari, pas un amant. Elle s’est privée de la halwa de la vie, de ce qui fait scintiller une femme comme lune de septembre. Mais les responsabilités l’ont vieillie : gérer un domaine a
blanchi ses cheveux et noirci son cœur. Ma sœur m’a tout appris sauf à aimer. Adam s’en est chargé. Mathilde me manque. Une seule main ne peut applaudir. Elle était la main droite, j’étais la
main gauche et Adam était les applaudissements.
À l’occasion d’une conférence sur l’écrivain Adam Saint-Gilles, Anne rencontre sa veuve, Mathilde, et passe la nuit dans son gîte rural. La nuit devient des mois. Anne ne
quitte pas les lieux malgré les rudes taches exigées par Mathilde : débiter du bois, redresser une haie affaissée lui vaudront la lecture d’un roman inédit, promise jour après jour. Anne esclave
consentante de Mathilde. La découverte, à l’autre bout du domaine, de Zohra clouée dans un fauteuil roulant, demi-sœur de Mathilde et jadis amante de Saint-Gilles, éclaire d’une lumière crue la
face cachée de la vie de l’écrivain…
"L'offrande sauvage" de Jean-Pierre Milovanoff
Editions Grasset 1999
4ème de couverture
En 1919, dans un minuscule et imaginaire village perché dans les Alpes, un groupe se forme autour d'un
enfant que l'on vient de trouver dans la neige. Un fermier riche et lunatique, Bienvenu Jardre, décide de l'adopter. Ephraïm (le plus usuel des cinq prénoms reçus par le garçon) redonne la vie au
fermier quadragénaire sur le déclin et étonne chacun au village par son intelligence. Il devient l'"enfant prodige et c'est le début d'innombrables aventures. L'amour, la mort, une
servante généreuse, une amante prostituée, un contrebandier, des marchands d'illusions (une mère et son fils), Hannibal et ses éléphants. croisent le destin d'Ephraïm qui ne peut qu'être grand et
tragique. A travers ce personnage hors du commun, Jean-Pierre Milovanoff conte avec beaucoup de poésie et de souffle une histoire de ce siècle.
Jean-Pierre Milovanoff est né à Nîmes en 1946. Il est aussi l'auteur de La splendeur d'Antonia et le Maître des paons.
Prix des libraires 2000
1ère PAGE
Croyez-moi. Toute vie est faite de jours, de nuits et de souvenirs. Mais le hasard est un animal affamé
qui ne dort pas deux fois au même gîte. Depuis que j’observe le monde, j’ai souvent vu des hommes de valeur perdre en quelques foulées la voie heureuse et ne jamais la retrouver malgré leurs
mérites. Je raconterai l’histoire de l’un d’entre eux. Une histoire qui par chance n’est pas la mienne.