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14 janvier 2008 1 14 /01 /janvier /2008 16:27
- Edition Le Castor astral -

4ème de couverture
Dans la pénombre feutrée du Jay’s, un bar de la 40e Rue à New York ou ailleurs, Archie, le pianiste, chante le blues. Rose, la serveuse, chaloupe entre les tables parmi une clientèle nocturne de paumés et de coeurs solitaires. Dans le brouhaha des conversations, derrière le tintement des glaçons, Jay, barman imperturbable, compose ses cocktails à l’image de ses clients : un Bronx pour un écrivain en mal d’inspiration, un Pink Lady pour une jeune fille… Mais le lecteur se régale tout autant d’un Black Velvet, d’un Blue Lagoon, d’un Champagne Daisy, d’un Mint Julep ou d’un Brown Jug. Les textes d’Hervé Le Tellier, tour à tour nimbés d’érotisme, de mélancolie ou d’humour, s’articulent autour d’une authentique recette de cocktail. Shaker, tumbler, mixer… Ces sonates à contrainte sont accompagnées de délicates aquarelles de l’artiste japonaise Yoko Ueta. Quatre-vingt-huit récits, autant de cocktails à lire et à boire sans modération ! Graphisme : Yoko Ueta

” Artbookins ” - 11 janvier 2008

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8 janvier 2008 2 08 /01 /janvier /2008 17:38
Editeur : Julliard - Janvier 2007

VOUS AVEZ RATÉ VOTRE VIE ? AVEC NOUS, VOUS RÉUSSIREZ VOTRE MORT ! Imaginez un magasin où l’on vend depuis dix générations tous les ingrédients possibles pour se suicider. Cette petite entreprise familiale prospère dans la tristesse et l’humeur sombre jusqu’au jour abominable où surgit un adversaire impitoyable : la joie de vivre.

” INTERVIEW ” Propos recueillis par Guillaume Monier pour Evene.fr - Janvier 2007

Roman atypique par sa forme donc, il l’est également par son histoire, comment vous est venue l’idée d’une telle intrigue ?

En faisant des recherches sur Rimbaud et Verlaine, je lisais beaucoup de choses sur la poésie de la fin du XIXe siècle et j’ai vu qu’on les rangeait parmi les poètes décadents. Parmi eux, il y avait une bande de jeunes étudiants qui avaient monté un groupe de poètes et se nommaient les Désenchantés. Ils avaient écrit une oeuvre qui avait pour titre ‘Le Magasin des suicides’. A chaque fois que je passais dessus, je me disais que ce titre était vraiment accrocheur : le magasin des suicides…. A partir de cette expression, on a l’impression que tout le reste vient. Et c’est ce que j’ai fait, j’ai essayé d’écrire quelque chose.
Ce serait une petite boutique, il y aurait une famille qui serait très sombre, mais il faut un intrus, un élément perturbateur. D’où le dernier enfant. Eux qui ne testent aucun produit de leur magasin - et pour cause ! - ont tout de même essayé un préservatif percé (pour ceux voulant mourir par contamination), ainsi déboule Alan. Il embête tout le monde. Je suis parti un peu de mon fils adolescent : on a tellement de mal souvent à les comprendre, je transpose ça dans mon livre, en négatif bien sûr. Et si les Tuvache avait un môme à l’envers du mien ? Et qu’ils en soient désespérés ? C’est peut-être pour ça que les gens se reconnaissent dans le livre : beaucoup d’entre eux se mettent à la place des parents Tuvache.

Bien sûr. J’ai essayé de trouver le plus de documents et de livres possibles sur le suicide et je piochais dedans pour trouver des idées. La préparation n’était pas très gaie ! Cela m’a d’autant plus donné envie de me libérer dans l’écriture. C’est au cours de mes recherches que j’ai trouvé le nom du dernier enfant : Alan, comme Alan Turing et son suicide à la pomme empoisonnée. Ca s’est vraiment passé, c’est incroyable. Et la pomme d’Apple serait venue de cette histoire… Alan Turing est un personnage totalement inconnu alors que sans lui l’informatique n’existerait pas. Il a connu un destin tragique et exceptionnel ; parfois je me dis qu’il y aurait un roman a faire sur lui.

L’ouvrage a-t-il été difficile à écrire ?

Eh bien non. C’est venu tout seul. A l’inverse de mes autres livres, une fois parti, c’était comme une rigolade, je suis allé jusqu’au bout assez vite. Il m’a fallu 3 à 4 mois pour l’écrire (2 ans pour ‘Je, François Villon’).

N’avez vous pas peur des réactions, vous parlez de suicide tout de même ?

Au contraire. C’est un humour plus anglo-saxon que français, mais bizarrement, ça a l’air de plaire aux gens et de les faire rire. Ce n’est pas du tout une apologie du suicide, bien à l’inverse. Comme dans le livre, ceux qui ouvrent la porte du magasin ont déjà réglé leurs problèmes. J’espérais que ce livre soit drôle : les gens qui le lisent et qui en parlent le trouvent revigorant. Ca leur fait du bien alors que, paradoxe, il n’y a pas une page où l’on ne parle pas de mort dans ce roman. Ca ne donne pas envie de se suicider mais juste de pousser la porte du magasin. Plaisir des yeux seulement !

Voudriez-vous l’adapter au théâtre ? L’histoire s’y prêterait plutôt bien ?

Oui, c’est ce qui me tenterait le plus. Ca doit être “le pied absolu” : écrire une pièce, se retrouver dans une salle, avec des acteurs disant vos mots… Mais cela me fait très peur, je ne sais pas pourquoi. Pour l’instant, j’attends les réactions mais j’aimerais beaucoup.

Est-ce vous qui avez illustré les couvertures de vos livres ?

Je l’ai fait avec un jeune dessinateur, Frédéric Poincelet, graphiste de talent travaillant au Louvre. Je ne voulais pas du tout que la couverture soit sombre, mais qu’elle apparaisse plus comme un bonbon acidulé, pour contrebalancer le titre un peu provocateur. Frédéric doit déjà penser à la couverture du prochain.


EXTRAITS

« C’est un petit magasin où n’entre jamais un rayon rose et gai. Son unique fenêtre, à gauche de la porte d’entrée, est masquée par des cônes en papier, des boîtes en carton empilées. Une ardoise pend à la crémone. Accrochés au plafond, des tubes au néon éclairent une dame âgée qui s’approche d’un bébé dans un landau gris : - Oh, il sourit ! Une autre femme plus jeune - la commerçante -, assise près de la fenêtre et face à la caisse enregistreuse où elle fait ses comptes, s’insurge : - Comment ça, mon fils sourit ? Mais non, il ne sourit pas. Ce doit être un pli de bouche. Pourquoi il sourirait ? Puis elle reprend ses calculs pendant que la cliente âgée contourne la voiture d’enfant à la capote relevée. Sa canne lui donne l’allure et le pas maladroits. De ses yeux mortels - obscurs et plaintifs - à travers le voile de sa cataracte, elle insiste : - On dirait pourtant qu’il sourit. »
« - Alan !… Combien de fois faudra-t-il te le répéter ? On ne dit pas «au revoir» aux clients qui sortent de chez nous. On leur dit «adieu» puisqu’ils ne reviendront jamais. Est-ce que tu vas finir par comprendre ça ?Lucrèce Tuvache, très fâchée dans le magasin, cache entre ses mains crispées dans le dos une feuille de papier qui tremble au rythme de sa colère. Penchée sur son petit dernier, debout en short devant elle et qui la regarde de sa bouille réjouie, elle le sermonne, lui fait la leçon :
- Et puis cesse de chantonner (elle l’imite) : «Bon-zou-our !…» quand des gens arrivent. Il faut dire d’un air lugubre : «Mauvais jour, madame…» ou : «Je vous souhaite le grand soir, monsieur.» Et surtout, ne souris plus ! Tu veux faire fuir la clientèle ?… Qu’est-ce que c’est que cette manie d’accueillir les gens en roulant des yeux ronds et en agitant les index dressés en l’air de chaque côté des oreilles ? Crois-tu que les clients viennent ici pour contempler ton sourire ? Ça devient insupportable, ce truc-là. On va te mettre un appareil ou te faire opérer !
Un mètre soixante et la quarantaine finissante, Mme Tuvache est furibarde. Cheveux châtains et plutôt courts balayés derrière les oreilles, la mèche oblique sur son front donne de l’élan à sa coiffure. »

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8 décembre 2007 6 08 /12 /décembre /2007 16:36
Roman Poche 2003

Le commissaire Maigret, de la 1re Brigade mobile, leva la tête, eut l’impression que le ronflement du poêle de fonte planté au milieu de son bureau et relié au plafond par un gros tuyau noir faiblissait. II repoussa le télégramme, se leva pesamment, régla la clef et jeta trois pelletées de charbon dans le foyer.
Après quoi, debout, le dos au feu, il bourra une pipe, tirailla son faux col, qui, quoique très bas, le gênait. lI regarda sa montre, qui marquait quatre heures. Son veston pendait à un crochet planté derrière la porte. Il évolua lentement vers son bureau, relut le télégramme et traduisit à mi-voix : « Commission internationale de Police criminelle à Sûreté générale, Paris : Police Cracovie signale passage et départ pour Brême de Pietr le Letton. »

“Artbookins 2007″

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8 décembre 2007 6 08 /12 /décembre /2007 16:30
Prix Nobel de Littérature 2006
Prix du meilleur livre étranger 2002
Edition Folio

Istanbul, en cet hiver 1591, est sous la neige. Mais un cadavre, le crâne fracassé, nous parle depuis le puits où il a été jeté. Il connaît son assassin, de même que les raisons du meurtre dont il a été victime : un complot contre l’Empire ottoman, sa culture, ses traditions, et sa peinture. Car les miniaturistes de l’atelier du Sultan, dont il faisait partie, sont chargés d’illustrer un livre à la manière italienne…
Mon nom est Rouge, roman polyphonique et foisonnant, nous plonge dans l’univers fascinant de l’Empire ottoman de la fin du XVIe siècle, et nous tient en haleine jusqu’à la dernière page par un extraordinaire suspense. Une subtile réflexion sur la confrontation entre Occident et Orient sous-tend cette trame policière, elle-même doublée d’une intrigue amoureuse , dans un récit parfaitement maîtrisé. Un roman d’une force et d’une qualité rares.

« J’ai choisi de m’exprimer à travers un très grand nombre de voix parce qu’écrire un roman historique à la troisième personne donne à son auteur une autorité excessive. Et c’est justement parce que ce j’avais dans la tête était extrêmement sérieux, avec des problèmes philosophiques, iconographiques, religieux et idéologiques, que j’ai pensé que de le faire raconter par des personnes différentes donnerait une touche de légèreté au récit. » Pamuk Orhan

” Artbookins 2007 “

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8 novembre 2007 4 08 /11 /novembre /2007 16:38
L’Arpenteur, Gallimard
le même ouvrage Collection Folio

« Je ne sais pas ce qui se passe dans le Montana mais jamais personne ne m’écrit de là-bas. Je ne demande pourtant pas à recevoir des lettres de plusieurs pages en provenance directe d’Helena, la capitale ; non, mes espérances sont plus modestes et un simple mot, même d’un type perdu dans les Rocheuses, ferait parfaitement l’affaire. Sur les 808 100 habitants de cet Etat qui compte quelque 381 000 km>2, il devrait bien se trouver au moins un individu pour s’inquiéter de moi et me donner des nouvelles du Montana…
Et puis, je me dis que peut-être personne n’a mon adresse dans le Montana, même une adresse très approximative. Après tout, ce n’est pas là une hypothèse complètement absurde. On pourrait aussi imaginer que pas un des 808 100 habitants n’a entendu parler de moi, ne serait-ce qu’une fois dans sa vie, et que là-bas le fait même que j’existe reste encore ignoré de tout le monde. Pourquoi pas !… »
Pierre Autin-Grenier.

” Artbookins” 2007

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8 novembre 2007 4 08 /11 /novembre /2007 16:34
Traduit de l’italien par Marc Voline
Éditeur : Rodez : Éditions du Rouergue, 2006 Adaptation originale du petit Chaperon rouge - Jeunesse

Mot de l’éditeur :

Adolphe est un loup naïf et il a beaucoup à apprendre des petites filles…
Cruel ? Non. S’il mange des animaux, c’est qu’il faut bien qu’il se nourrisse ! D’ailleurs, son coeur d’ange s’émeut quand il rencontre pour la première fois ce drôle d’animal: une petite fille. Comment la grand-mère du Petit Chaperon rouge finit-elle dans son estomac. ? C’est parce qu’il la trouvait si laide, qu’il a préféré la faire disparaître ! Et le Petit Chaperon rouge ? C’est un mauvais concours de circonstance : que cet ange terrestre bascule par mégarde dans sa gueule ouverte le rend malade ! Il est le premier à se réjouir de le voir finalement s’échapper de son ventre grâce à de drôles de petites filles moustachues et armées.
Les petites filles ne sont vraiment pas des loups comme les autres !

Le Petit Chaperon rouge est un conte qui a donné lieu à de nombreuses versions et adaptations, constituant un véritable creuset de création pour auteurs et illustrateurs. Raconté du point de vue du loup, cette version de Fabian Negrin ne ressemble à aucune autre : le loup se présente comme un être ignorant, un animal pas méchant pour un sou, qui agit moins par cruauté que par bêtise… Quand il rencontre le Petit Chaperon rouge, il découvre avec ravissement ce qu’est une petite fille. Mais quelle n’est pas sa déception quand il découvre que tous les hommes ne sont pas aussi angéliques que le Petit Chaperon rouge ! Sur ce texte subtilement drôle et malicieux, Fabian Negrin compose de magnifiques illustrations, jouant avec les tons de vert et de rouge, les matières, les motifs et les clins d’oeil graphiques, invitant le lecteur à deviner, dans le mouvement des feuillages, la présence maligne du loup.


“Fabian Negrin vit en Italie. Ses origines argentines et mexicaines se retrouvent dans l’influence que les cultures latino-américaines ont sur son univers graphique, ses couleurs, les différentes techniques de traitement qu’il aime adopter tour à tour. En tant qu’illustrateur, il a publié de nombreux albums chez des éditeurs tels que Mondadori ou Salani, sur des textes de Gianni Rodari ou Thomas Dylan par exemple. Depuis 2001, il publie principalement en tant qu’auteur et illustrateur chez Orecchio Acerbo, petite maison d’édition italienne de qualité. Trois albums sont parus en France chez Desclée de Brouwer: Le Prince Orphée, Le Chevalier parfait, La Nuit de qui ? Dans la gueule du loup a déjà eu un grand succès en Italie (plusieurs réimpressions). Il a aussi été traduit en espagnol et a été remarqué par la critique internationale. “

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8 novembre 2007 4 08 /11 /novembre /2007 16:32
Préface de Jean Grosjean / Collection L’Arpenteur, Gallimard

« C’est que vivre a quelque chose de terriblement élémentaire. Chaque matin l’âme se réveille toute nue, et le travail, la douleur, les gens, l’absence sont debout, bras croisés, à l’attendre avec un dur regard d’exterminateur. Mais chaque soir, quand la fatigue ne l’a pas anesthésié, Thierry Metz note la part respirable des heures qu’il a traversées.
Ce que nous pouvions prendre pour un univers de médiocrité banale se trouve être une merveille. Elle ne nous retient pas par la manche comme font les vendeurs forains. Elle parle à mi-voix et l’entende qui veut. Elle dit : Qui que tu sois, tes instants ne contiennent rien d’autre, mais ils sont des miracles. »
Jean Grosjean.

” Artbookins 2007 “

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8 octobre 2007 1 08 /10 /octobre /2007 16:40
Edition bilingue français-anglais (Broché)
Editeur : Christian Bourgois Editeur - avril 2007

Présages d’innocence est le premier recueil de poèmes de Patti Smith depuis plus de dix ans. Il constitue un accomplissement majeur de la part d’une artiste qui a transcrit sa vision du monde dans des hymnes puissants, des ballades et des paroles de chansons. Elle s’inscrit ainsi dans la grande tradition des troubadours, des artisans et des artistes qui font écho au monde qui les entoure par une voix unique et incantatoire. Ses influences sont aussi éclectiques que saisissantes : Blake, Rimbaud, Picasso, Arbus et John Appleseed. Et ses poèmes sonnent comme des oracles des temps modernes.

“Artbookins 2007″

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20 mai 2007 7 20 /05 /mai /2007 16:41
Ed. Plon, août 2006
Collection : Feux croisés
Genre : Littérature anglo-saxonne
Thème : Roman

Au cœur d’une histoire étrange nourrie de merveilleux et de fantastique, se noue l’émouvante amitié entre un jeune homme laissé pour compte par la vie et une toute jeune adolescente solitaire et rebelle. Ainsi Jack Plum et Holly Lock vont-ils, en compagnie de petits cochons élevés dans leur jardin secret, entraîner les lecteurs dans un monde magique où se réfugient ces deux êtres innocents, à l’écart de la cruauté des adultes. Une histoire déchirante d’amitié et de sacrifice, écrite avec une force évocatrice et une tendresse bouleversantes.

« Comme toutes les bonnes histoires, Le Palais des cochons nous mène en des lieux à la fois familiers et fantastiques. » The Washington Post

« Le roman nous rappelle l’importance de poser sur le monde un regard ouvert aux merveilles du quotidien et attentif au caractère sacré des petites choses de la vie. » Times Literary Supplement

« Ce roman, déjà culte - les inconditionnels de Mark Haddon et du Bizarre incident du chien pendant la nuit semblent l’avoir déjà adopté, mérite amplement le succès qu’il rencontre. » The Gazette

Biographie de l’auteur
Née en Irlande, Kitty Fitzgerald est à la fois poète, romancière, scénariste et auteur de pièces de théâtre. Elle vit à Newcastle.


EXTRAITS


“Mam dit que Papa était porchair et porc-esprit, un énorme goret fangeux qui l’a chopée de force et puiq s’est carapatrotté au-delà des lointerres quand il a compris ce qui s’était produit. “

“Elle reste espécialement longtemps et je me soucie que sa mam commence à sonner les cloches de sa crainte.”

“Je secoue ma têteporc extrême rapide parce que je suis envahi par une puissante bouffée d’apeurant, depuis les orteils jusqu’à la tête, qui me fait très pider, bang, bang. C’est comme un truc de prémonition, papa m’a dit un jour que j’étais extradoué pour ça, savoir ce qui va sans doute arriver, et je ne veux pas que Holly parle, elle ne doit pas parler du Palais aux personnextérieures. ‘Vouloir n’est pas vraiment suffisant, Holly, dis-je. Vouloir n’arrête pas les trains qui s’emballent,…”

” Artbookins 18 mai 2007″

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8 mai 2007 2 08 /05 /mai /2007 16:46
Edition Grasset 2005

Né en 1949 dans la Nièvre, Jean-Baptiste Harang fait partie de la rédaction du ” cahier livres ” de Libération. Il est l’auteur chez Grasset de Le Contraire du coton (1993), Les Spaghettis d’Hitler (1994), Gros chagrin (1996) et Théodore disparaît (1998).

Chaque maison cache un secret, les murs ont des oreilles mais la bouche cousue. Il faut poser longtemps la joue contre leur sein, comme un docteur fiévreux, pour les entendre respirer. A Dun-le-Palestel, dans la Creuse, la maison de famille du narrateur en a si gros sur le coeur et tant à dire qu’on va la confesser, pièce après pièce, l’écouter se raconter, souvenirs dérangés, vérités arrangées, les choses et les gens tels qu’ils furent, les échos et les ombres qu’il en reste. Elle finira bien par lâcher ce qu’elle sait. Elle sait l’histoire d’un père qui, lui, avait choisi de se taire.


EXTRAIT

S’imaginer que les menus détails sur sa propre vie valent la peine d’être fixés, c’est donner la preuve d’une bien mesquine vanité. RENAN « Souvenirs d’enfance »

1
LA MAISON DE DUN
J’ai toujours connu la maison de Dun, et, aujourd’hui que mon père est mort, j’en suis devenu copropriétaire en indivision avec ma sœur Noëlle et ne la fréquente plus guère. J’y ai passé un mois de chaque été de mon enfance, des vacances de Noël cryoscopiques et une année scolaire entière partagée entre le cours préparatoire et le cours élémentaire première année. Lorsque j’eus neuf ans, mes parents me mirent en pension pour ma ” septième ” (cours moyen deuxième année) dans un chef-lieu de canton voisin d’où je revenais chaque fin de semaine pour cette maison de Dun où mon vieux cousin Arthur avait mal remplacé mon grand-père. Arthur y a laissé des souvenirs contrariés, bons et mauvais, et un nom ineffaçable : une pièce du premier étage porte à jamais le titre de ” chambre d’Arthur “.
La maison de Dun a huit pièces : la gare, le bureau, la salle à manger, la cuisine et, au premier, la chambre d’Arthur, la chambre de la Stella, la chambre des grands-parents et la chambre de ma grand-mère. Ce sont là des appellations officielles et communes à toute ma famille, même si chacune d’elles ne correspond pas au même moment de l’occupation des sols. La gare reste la gare mais n’en a plus la fonction depuis des lustres, le bureau n’a jamais contenu la moindre écritoire, il servait de chambre d’été à mes grands-parents, il est aujourd’hui un salon peu fréquenté. La salle à manger n’a pas été débaptisée mais elle est devenue la chambre de ma mère. La cuisine a été réduite pour laisser place à une courte et borgne salle de bain. La chambre d’Arthur ne servait pas avant Arthur, persiennes fermées, lit de fer et pile de journaux invendus. Arthur est mort. La chambre de la Stella doit son nom à une Stella, probable lointaine cousine dont j’ignore tout. La chambre des grands-parents n’a pas bougé et celle de ma grand-mère était en fait celle de mon père lorsqu’il était jeune homme, ce qu’il resta toute sa vie malgré un mariage tardif et heureux, quatre enfants dont je suis le cadet.
La maison possède une cave et un grenier, elle est construite le long de la route de Naillat, à Dunet, s’ouvre par l’arrière sur un perron. Elle est mitoyenne par un pignon, l’autre, aveugle, aveuglé par une vigne vierge mais profuse, borde une cour en contrebas qui dessert un garage en bois, un hangar et un jardin dit ” le jardin neuf “, acheté plus tardivement, par opposition au ” vieux jardin ” derrière le garage où l’on ne pouvait accéder qu’en traversant le hangar ou le poulailler.
Mon père offrit cette maison à ses parents dans les années où une seconde guerre mondiale se préparait à faire mieux que la première, il avait hésité entre deux, l’autre, plus près du centre du bourg, lui parut trop prétentieuse, il la regretta. Il avait choisi Dun-le-Palestel (qui s’appelait encore Dun-le-Palleteau) pour la proximité de Sagnat où il était né, où sa mère fut fille de ferme, et par deux fois fille mère. Où il est enterré. L’étage ne comportait alors que deux pièces et fut bien vite agrandi afin d’y accueillir des locataires. Plus tard, après que mon grand-père eut repris la gare de Dun, la maison retrouva son unité. Dans les années soixante et dix, nous entreprîmes, ma sœur, mon jeune frère et moi, de repeindre le rez-de-chaussée. En fouillant dans le vieux secrétaire du bureau, avant de le couvrir d’un drap pour le protéger des coulures, nous avons mis la main sur le livret militaire de mon grand-père et découvert un secret. Nous avons remis le livret dans le secrétaire, et lorsqu’on le referma je vis devant mes yeux sans larmes une armoire normande, de chêne sombre, aux ferrures de laiton, et l’ombre d’un homme en reflet, les bras chargés d’un autre homme plus âgé, maigre et long, sans poids, dépendu de frais, étrangers l’un à l’autre, enlacés de hasard et d’humanité
.

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